LEROUX , Gaston (1868-1927) : L'Homme qui a vu le diable Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Bibliothèque Municipale de Lisieux (09.09.1997) Texte relu par : A. Guézou Adresse : Bibliothèque municipale, B.P. 216, 14107 Lisieux cedex -Tél. : 02.31.48.66.50.- Minitel : 02.31.48.66.55 E-mail : bmlisieux@mail.cpod.fr, [Olivier Bogros] bib_lisieux@compuserve.com http://ourworld.compuserve.com/homepages/bib_lisieux/ Diffusion libre et gratuite (freeware) L'Homme qui a vu le diable par Gaston Leroux Le coup de tonnerre fut si violent que nous pensâmes que le coin de forêt poussant au-dessus de nos têtes avait été foudroyé et que la voûte de la caverne allait être fendue, comme d'un coup de hache, par le géant de la tempête. Au fond de l'antre, nos mains se saisirent, s'étreignirent dans cette obscurité préhistorique, et l'on entendit le gémissement des marcassins que nous venions de faire prisonniers. La porte de lumière, qui, jusqu'alors, avait signalé l'entrée de la grotte naturelle où nous nous étions tapis comme des bêtes, s'éteignit à nos yeux, non point que l'on fût à la fin du jour, mais le ciel se soulageait d'un si lourd fardeau de pluie qu'il semblait avoir étouffé pour toujours, sous ce poids liquide, le soleil. Il y avait maintenant au fond de l'antre un silence aussi profond que cette nuit soudaine. Les marcassins s'étaient tus sous la botte de Makoko. Makoko était un de nos camarades, que nous appelions ainsi à cause d'une laideur idéale et sublime qui, avec le front de Verlaine et la mâchoire de Troppmann, le ramenait à la splendeur première de l'Homme des Bois. | |
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